L'arche
Manòlis Pratikàkis
Traduit par Nicolas Pallier et Michel Volkovitch
2016 — 160 pages — 12 €
ISBN : 979-10-93103-11-2
La Nature a été l’école de Manòlis Pratikàkis, son œuvre entière est un dialogue avec elle, ses plantes, ses animaux, ses éléments — l’eau surtout. La mer, pour lui, est « tombeau et matrice » ; la poésie baigne ici dans ses eaux de jouvence. Elle raconte inlassablement une naissance, une renaissance perpétuelle, une éternelle métamorphose, dans un monde où tout point de la création communique avec tous les autres, l’image poétique lançant de l’un à l’autre ses ponts vertigineux.
Éminemment concrète et charnelle, la poésie de Pratikàkis est en même temps imprégnée de science et de philosophie, « à demi dans la pensée, à demi dans la sensation ». Aimantée par les origines, elle revient sans cesse aux Présocratiques et à la sagesse orientale d’un Lao-Tse.
L’émerveillement que ces pages disent et redisent, le jaillissement continu des images à la fois chaudes et fraîches, la pulsation allègre qu’elles impriment au poème, tout cela fait que la poésie de Pratikàkis, cette fête panthéiste, vient à nous imbibée de lumière.
Pour le traduire, Michel Volkovitch a de nouveau invité Nicolas Pallier.
Publié avec le soutien du Centre culturel hellénique.
Ruisseaux brûlants jamais les lèvres
n’ont touché de telles fraîcheurs.
Comme si j’étais malade et le mercure
sans cesse ; alors tu as entr’ouvert, écartant
les feuillages ; la main
sous des élytres d’argent comme les fruits
du cédratier sont jaunes d’or ; et tes mauves
mamelons, petites mûres
dans ma bouche.
Puis des cerfs des secousses partout des collines
penchées sous le peu de givre après le souffle
de Dieu. Sanglots énigmatiques
dessinant une clairière...