Poèmes dans l’obscurité
Nìkos Karoùzos
Traduit par Nicolas Pallier et Michel Volkovitch
2015 — 136 pages — 12 €
ISBN : 979-10-93103-04-4
Le présent choix de poèmes (120 pages, dont 40 déjà publiées naguère aux éditions Desmos/Cahiers grecs) couvre l’ensemble d’une œuvre abondante (800 pages environ) disponible en deux volumes aux éditions grecques Ikaros.
Karoùzos (1926-1990) est mort alcoolique et indigent après avoir soigneusement bousillé sa vie. Sa seule vraie vie, tout du long, ce fut sa poésie.
Elle nous bouscule comme peu d’autres. Ça bouillonne, ça vous emporte, on sent la poésie en train de se faire, dans l’effervescence, l’urgence, la violence. Pas le temps d’éclaircir, il ne faut pas lâcher ce qu’on poursuit avec une rage désespérée. D’un bout à l’autre de l’œuvre, on retrouve la même angoisse, le même état d’insurrection permanente, la même dépendance à la poésie, qui sauve le poète de l’asphyxie.
Karoùzos, ce sauvage, deviendra-t-il un jour un classique ? Plus de vingt ans après sa mort, il ne remue pas les foules comme un Rìtsos ou un Elỳtis, ses contemporains. Il restera toujours, sans doute, plus ou moins en marge. Mais son ombre immense n’est pas près de s’effacer. Il faut voir avec quelle ferveur les poètes grecs d’aujourd’hui parlent de lui.
Pour le traduire, Michel Volkovitch a invité un jeune traducteur débutant prometteur : Nicolas Pallier.
Publié avec le soutien du Centre national du livre.


...Le printemps est insoluble.
Comment apprendre la flamme à la goutte ?
L’angoisse transcende la vie
rendant ainsi les plaisirs inutiles.
Ah, quel trou de ténèbres où naguère
tenant sur ma tête un coq pour affoler la nuit
j’ai hurlé soudain comme si l’on m’avait planté une balle :
— Un rosier au clair de lune !
Horreur, les secondes le dévorent !
Comment conserver le daimon intact ?
Mais si l’on ne peut — alors suffit, je pense
pour un bout de bénédiction, de guérison peut-être
ce chien rêveux, ce typhus gris...
Ave César !
Mes yeux sont des trouvailles de la mort.