Contrepoints
chroniques musicales
Yànnis Efstathiàdis
Traduit par Hélène Zervas & Michel Volkovitch
2023 — 144 pp — 12 €
ISBN 978-2-494343-09-2
Présentation
Poète, nouvelliste, essayiste, il a tenu de 1999 à 2005, dans le journal Kathimerini, une rubrique musicale hebdomadaire, avec un large succès. Plus de deux-cents de ses chroniques ont été réunies dans un fort volume, où nous avons choisi cinquante-six d’entre elles.
La culture de l’auteur est immense et ses goûts remarquablement œcuméniques : son domaine s’étend, on le constate ici, des troubadours à John Adams, de Webern à Trenet. Pour nous faire aimer la musique, il en parle comme il se doit : avec science, évidemment, analysant les morceaux et ses réactions devant eux, très attaché à son rôle de « décodeur d’émotions musicales » ; mais aussi, et surtout — pas de bonne pédagogie sans plaisir — avec une gourmandise contagieuse. Il applique avec nous la meilleure des recettes : dire je, sourire, savourer la musique comme on goûte un fruit ou un vin.
Les allusions à la poésie sont également fréquentes dans ses Contrepoints, mais quoi de plus naturel : l’auteur est poète lui-même et il nous vient d’un pays dont la poésie est la langue maternelle.
Cet ouvrage est publié avec le soutien de la fondation Ourànis.
Des morceaux classiques nous accompagnent — discrètement — au restaurant ou nous apaisent sur les répondeurs des standards téléphoniques, les boîtes à musique et les hochets de bébé débitent timidement des airs de Mozart, des klaxons de voiture s’efforcent de rendre plus harmonieuse leur importunité. (…)
Le point de vue pessimiste, en l’occurrence, est que cette transformation des œuvres, qui souvent les malmène, en fait une caricature d’elles-mêmes qui les rabaisse.
L’approche optimiste, au contraire, soutient qu’elle rapproche celles-ci d’un vaste public, les rend familières à une mémoire collective et les associe à nos rêveries. (…)
Enfin, ceux qui ne sont ni optimistes, ni pessimistes, mais qui simplement réfléchissent, ceux qui suivant l’appel d’Elỳtis mangent « le progrès avec sa peau et ses pépins », restent tranquillement dans leur tanière, sachant que les œuvres d’art ne finissent jamais dans des « dépotoirs de l’esprit », mais sont capables de muter, tels des virus du rêve, prenant des formes plus résistantes, en rapport avec le temps des astres, mais aussi quant à leur usage terrestre.