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Erotòcritos

Vitzenzos Cornàros

 

Traduit par Michel Volkovitch

 

2024 — 118 pages — 12 €
ISBN : 978-2-494343-15-3

Un roman de chevalerie français en prose du XVe siècle a inspiré, dit-on, l’intrigue d’Erotòcritos. On sait peu de chose de l’auteur grec : né au XVIe siècle en Crète, alors sous la domination de Venise, Vitzènzos Cornàros est un aristocrate issu d’une famille vénitienne hellénisée, et l’on pense qu’il écrivit son poème autour de 1600 — ce qui en fait le contemporain de Shakespeare et Cervantès.  
Erotòcritos est un mariage d’amour entre une certaine tradition médiévale et l’esprit de la Renaissance. Tournois et batailles y figurent en bonne place, mais d’un bout à l’autre c’est la passion amoureuse qui déferle et emporte tout. Ce poème épique est avant tout un long chant d’amour.    
La destinée de l’œuvre à elle seule est tout un poème. Transmise oralement d’abord, elle a attendu un siècle avant d’être imprimée ; elle n’a jamais perdu la faveur des gens du peuple, récemment encore des bergers crétois en savaient par cœur des passages entiers, mais les beaux esprits de jadis, eux, l’ont très longtemps toisée de haut, la jugeant « bonne pour les servantes » ; à fin du XIXe siècle seulement la reconnaissance est venue, peu à peu, au point qu’aujourd’hui Erotòcritos a un statut de trésor national et même de chef-d’œuvre universel.

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Si j’apprends qu’il est mort, aussitôt, tout à l’heure,
je prendrai pour époux un poignard dans le cœur. 
Ces deux oiseaux qui s’aiment, leur chant plein de tendresse,
sont signe que je vais me marier dans l’Hadès. 
Qu’ils soient venus nous voir en ce lieu ténébreux
nous annonce un mariage aux enfers caverneux. 
Mon témoin, ce sera la Mort, maître sous terre,
les vers seront ma dot, ma tombe le notaire,     
les araignées ma robe ; mon palais sans lumière
aura, pour lit de noces, la crasse et la poussière ;
pour nous bénir, au lieu d’un père et d’une mère,
nous aurons les ombres des morts et leurs prières.

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