L’annonce faite à Cassandre
Dimìtris Dimitriàdis
Traduit par Michel Volkovitch
2018 — 48 pages — 10 €
ISBN : 979-10-93103-40-2
Cassandre, fille du roi de Troie Priam, reçoit d’Apollon amoureux le don de dire l’avenir, mais elle rejette les avances du dieu, qui la punit : ses prédictions ne seront jamais crues.
Cette version officielle, pessimiste et même tragique, Dimìtris Dimitriàdis la retourne totalement. La Cassandre qu’il nous montre s’est ravisée, a cédé au dieu, s’est unie à lui ; depuis lors elle ne fait qu’annoncer des bonnes nouvelles, ou plutôt la bonne nouvelle : l’avènement d’un monde nouveau. L’empire du désir.
Et le temps s’arrête. Pendant toute l’heure que dure la pièce, Cassandre nous conte sa révélation, sa conversion, au fil d’une incantation sans fin, d’une litanie de mots répétés, caressés, violentés, inventés parfois, remâchés jusqu’à l’ivresse, comme si la prêtresse n’en finissait pas de les savourer, de s’en pénétrer.
Ou (peut-être ?) comme s’il fallait insister encore et encore pour convaincre, voire se convaincre ? On pressent, au fil de la pièce, l’ombre cachée derrière toute cette lumière.
Dimitriàdis, intrépide explorateur de l’extrême, est rarement allé aussi loin que dans cet hymne au désir, ce chant brûlant, fiévreux, frénétique, ce rituel païen hypnotique. L’annonce faite à Cassandre, c’est de la poésie, c’est de la musique, et du théâtre bien sûr.
Publié avec le soutien du Centre culturel hellénique.