Ce jour d’hui comme hier et demain
Andrèas Embirìkos
Traduit par Myrto Gondicas et Michel Volkovitch
2016 — 156 pages — 12 €
ISBN : 979-10-93103-18-1
Les poèmes de Ce jour d’hui… et ceux d’Oktàna baignent dans les mêmes eaux effervescentes, nous emportent dans le même jaillissement, la même pulsation perpétuelle. En eux s’épanche et s’épanouit une fois de plus le grand rêve éveillé du poète, son obsession permanente, dionysiaque : la femme, le désir, l’union des corps — mais la sensualité incandescente qui baigne ces poèmes, au-delà de la sexualité, embrasse de façon diffuse toute la création, faune, flore, monde minéral en même temps que l’ensemble des êtres, humains ou supra-humains, nymphes et Amazones, centaures et archanges.
Voici de nouveau un livre triomphal, émerveillé, allègre, à la fois solennel et bondissant, où la sensualité imprègne jusqu’au maniement des mots, à l’envoûtement des rythmes, aux jeux de sonorités, aux caresses ou aux frottements des allitérations, au tam-tam des répétitions. Voilà l’un des euphorisants de papier les plus puissants qui soient.
Publié avec le soutien du Centre national du livre.
Quand les mots tombent sur le corps de la nuit
On dirait des vaisseaux qui labourent les mers
Les hommes à bord semant et les femmes parlant
Parmi les baisers qui claquent
Des lézards passent dans les frissons des crêtes
D’une mer qui s’étend jusqu’au sable
Avec ressacs et clapotis
Peu avant que le soleil se lève quand résonnent
Les voix des rhapsodes de la matière
Et les clameurs d’un coq debout
Sur une colonne de sel des contrées du midi
Quand gonflent les désirs des multitudes sur le rivage
Qui s’avancent dans les rafales du vent
Sous les yeux des filles bienheureuses
Penchées les seins touchant l’onde
L’eau pure des ruisseaux
Jusqu’à sentir dans leur corps et leur âme
Sans conditions et sans limites
La montée acquise du plaisir.