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La chair beau désert

Katerìna Anghelàki-Rooke

 

Traduit par Michel Volkovitch

 

2018 — 160 pages — 12 €
ISBN : 979-10-93103-36-7

Son plus grand bonheur ? Elle répond : — L’amour qui devient création. La création qui devient amour. Ses poèmes, parlant à la première personne, sont les étapes d’une vaste confession — sans anecdote, réduite au sentiment — où l’amour des cœurs et des corps rayonne vers la vie, goûtée avec passion, la nature, objet d’un culte quasi religieux (« La nature est mon maître ») et la poésie bien sûr.

On a rarement chanté l’amour avec autant d’ardeur et de tendresse, même si l’âge, il est vrai, change la donne : l’amour s’éloigne, la mort se rapproche, et les recueils les plus récents, dans une veine sans cesse plus élégiaque, chantent la nostalgie de la jeunesse perdue. Mais cette poésie n’a pas d’âge. Malgré les souffrances dont elle se fait l’écho, et la mélancolie dont peu à peu elle se voile, elle conserve sa vivacité, sa fraîcheur.

 

Publié avec le soutien du Centre culturel hellénique.

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Mon corps est une petite échelle que je pose contre le mur du monde. Je l’escalade, je tends le cou pour voir derrière le mur, derrière le rempart du sentiment. De plus en plus l’échelle oscille, de plus en plus je la dédaigne et veux m’abandonner sans lest à la vision des jardins. Pendant des jours je songe aux profondeurs de terre de l’union charnelle qui soutient les pelouses et toutes les racines de cette végétation effrénée. J’observe mais vient la fatigue. L’échelle est secouée sans cesse et les lumières éclairant le parc se font laiteuses et tournent à la nuit. Au bout d’un nombre d’années inconnu mais précis j’aurai oublié tous mes exercices dans le chaos. Je serai l’échelle pourrie oubliée contre le mur du jardin.

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