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Épitaphe
et autres poèmes

Yànnis Rìtsos

Traduit par Michel Volkovitch

 

2025 — 114 pages — 12 €
ISBN 978-2-494343-18-4  

Au fil de son œuvre immense, Yànnis Rìtsos n’a écrit qu’une poignée de poèmes en vers classiques. Les voici.
Des vers de jeunesse d’abord, marqués par leur époque, surprenants pour qui fréquente Rìtsos et reniés par lui ensuite, mais dont certains ne méritent pas l’oubli.
Puis le premier chef-d’œuvre, où le poète apparaît tel qu’en lui-même : le bouleversant Épitaphe, long chant funèbre où les voix du passé et celles de l’avenir se marient harmonieusement.
Enfin, échelonnés dans le temps, quatre autres recueils dont trois de chansons, où l’on retrouve le grand Rìtsos bien connu.
Au long de cette centaine de pages, défilent cinquante ans de poésie.


 

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Fils, tu n’es pas perdu, dans mes veines tu cours.
Dans les veines de tous, entre et vis pour toujours.

Vois les passer, les cavaliers, vois-les passer —
beaux comme tu l’étais, forts, élancés.

Et parmi eux, mon fils, c’est bien toi que je vois,
ton image passant, répétée mille fois.

Et moi, la pauvre vieille solitaire,
j’arrache avec mes ongles des mottes de terre

Et les jette à la face des loups, des autres bêtes,
qui ont mis le cristal de ton visage en miettes.

Et le nœud des sanglots, tandis que tu nous suis,
toi le mort, c’est le nœud qui pendra l’ennemi.

Tu me le demandais le soir à la chandelle :
courbée, je me redresse et lève un poing rebelle.

Au lieu de me frapper le sein, je prends les armes
et le soleil brille à travers mes larmes.

À tes frères, mon fils, j’apporte ma fureur,
et j’ai pris ton fusil — dors bien, mon cœur.



 

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