Les poèmes
Yòrgos Sefèris
Traduit par Michel Volkovitch
2023 — 340 pages — 20 €
ISBN : 978-2-494343-02-3
« Partout dans mes voyages, la Grèce me fait mal » — c’est son vers sans doute le plus célèbre. Il aime sa patrie, qui le désole. Il en parle mieux que personne, avec une tendresse et une lucidité amère également poignantes, dans des poèmes d’une rare splendeur, trop novateurs sans doute : la Grèce l’a très longtemps ignoré avant qu’il devienne, peu avant sa mort, le prix Nobel aidant, une sorte de poète national.
Nous disposons d’une bonne demi-douzaine d’intégrales de Cavàfis, mais c’est la première fois que se trouvent rassemblés dans notre langue, ici même, tous les poèmes de Sefèris ou presque. Un demi-siècle après sa mort. Ses deux premiers recueils sont ici traduits en français pour la première fois, près de cent ans après leur apparition.
— Les statues sont au musée.
— Non, elles te poursuivent, comment ne le vois-tu pas ?
je veux dire, avec leurs membres brisés,
avec leur forme ancienne que tu n’as jamais vue
et que tu connais pourtant.
Comme
lorsqu’à la fin de ta jeunesse tu aimes
une femme restée belle, et tu crains sans cesse,
ayant tenu son corps nu à midi,
la mémoire qui s’éveille dans tes bras ;
tu crains que le baiser ne te trahisse
dans d’autres lits désormais passés
mais qui pourraient hanter
si aisément si aisément et ressusciter
des images dans le miroir, des corps qui furent jadis ;
leur volupté.