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Les deux frères

(Nouvelles du passé Volume 1)

 

Dimìtrios Vikèlas

 

Traduit par Hélène Zervas & Michel Volkovitch

 

2024 – 104 pages – 12 €
ISBN : 978-2-494343-13-9

 

Poète, essayiste, romancier, Dimìtrios Vikèlas (1835-1908) devint célèbre en son temps pour son unique roman, Loùkis Làras, et surtout pour ses nouvelles qui marquent un tournant dans les lettres grecques. Il inaugura dans son pays ce genre devenu florissant depuis.
Deux jeunes voyageurs sur une île de l’Égée découvrent un terrible secret. Un jeune pope a tout pour être heureux, à un détail près… Un jeune paysan est mordu par une louve enragée. Trois nouvelles sur les sept que Vikèlas écrivit. C’est bien peu, hélas. 
Les personnages de l’auteur ont beau n’être pas parfaits, ce sont toujours leurs qualités, leur bonté qui sont mises en valeur dans cette œuvre traversée par une sorte de bienveillance universelle. 

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La terreur de la mort l’obsédait depuis que tout petit il avait dû baiser les paupières closes et froides de son père. Il avait pourtant assisté par la suite à de nombreux enterrements. Élevé au sein de l’Église, aux côtés des prêtres, comment lui aurait-il été possible de ne pas prendre part aux services funéraires ? Mais il avait toujours trouvé moyen de se soustraire à la vue du mort, soit en tenant ses yeux fixés sur son cierge ou sur le livre de prières qu’il avait à la main, soit en se cachant derrière des camarades plus grands que lui. Jamais il n’avait levé les yeux sur le contenu inerte de la bière, jamais il ne s’était conformé à l’appel déchirant que le pope adressait aux survivants conviés à donner un dernier baiser au corps dont l’âme s’était envolée. Une fois prêtre, comment pourrait-il éviter le contact de la décomposition ? Il sentait qu’il ne pourrait s’accoutumer à l’horrible spectacle. Il avait bien confessé ses craintes à l’évêque, lui avait confié ses hésitations, avait fait l’aveu de sa faiblesse, mais le vieillard l’avait encouragé, conseillé, grondé, avait assuré qu’il s’habituerait lui aussi, comme tant d’autres, à l’horreur de la mort, lui avait remonté le moral en lui montrant la grandeur de la mission du prêtre au chevet du mourant et sur la tombe du défunt.

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