La multiplication des poisons
Yànnis Stìggas
Traduit par Michel Volkovitch
2025 — 150 pages — 12 €
ISBN : 978-2-494343-23-8
La poésie de Yànnis Stìggas est tendue, véhémente, effervescente, rageuse et batailleuse, entre ricanement et colère, appel et imprécation. Le soleil balance des obus, la lumière saigne ou nous déchiquette, on déracine les seins de la journée, on égorge les poèmes et la poésie peut vous casser les bras. Ses poèmes grouillants d’images sont en même temps fermés comme un poing et balancés comme une volée de plombs. On ne sait trop ce qu’ils nous disent, ils nous tirent par la manche, nous entraînant au cœur d’une nuit traversée d’éclairs. Le monde est rude, instable, tout peut basculer dans son contraire, la lumière et les ténèbres se succèdent, mais la parole poétique nous soutient, nous guide avec une inlassable énergie. La beauté, nous dit le poète, est une hache dans la nuque, mais en même temps elle éclaire et nourrit.
Ce forcené superbe, cependant, ne maudit pas ses semblables ; tourné vers son lecteur, il le prend par l’épaule, le rudoie, mais fraternellement ; il interpelle obstinément les autres poètes comme autant de compagnons de lutte, avec amour et vénération ; la poésie chez lui est un pays qu’on partage.


Sous-marin
Chaque fois que je ferme les hublots
c’est comme de baisser les paupières
et ma tête éclate à cause
de ma vision des profondeurs
la vérité c’est que
plus je m’éloigne du Monde
plus je désire la surface.
Ah, sous-marin égale
contradiction absolue
Je te le livre neuf, François Villon,
démonte les machines, les hélices
érafle sur les rochers ses insignes
rends-le balladopropulsé.
délivre-le.